We are warriors | Naïri

We are warriors

Altherys gardait le grand salon, l'air imperturbable, immobile, si bien qu'on l'aurait confondue avec une statue, si ses yeux écarlates ne brûlaient pas de vie. Une fois sa ronde finie, elle avait immédiatement rejoint le salon, afin de le protéger de toute intrusion, car après tout, c'était là que la reine passait la plus grande partie de son temps. Et il était inconcevable qu'on dérange sa majesté dans ses occupations.

Altherys protégerait donc la reine contre les arrivants potentiels. Que ce soient le Colonel, le Shaman, peu importait, ceux-là se verraient immédiatement congédiés. On ne plaisantait pas avec le Dragon noir de la calamité... Heureusement, les banals guerriers n'étaient pas autorisés à pénétrer dans le château, enfin seulement les plus loyaux et les plus importants. Mais ceux-là aussi seraient renvoyés secs.

La dragonne aux écailles sombres n'avait pas envie de perdre son temps avec ces êtres indignes de son respect et de sa considération. Ils ne devaient même pas pouvoir la nommer sans que leur voix tremble d'un respect profond. Ces mécréants ne devaient pas lever les yeux sur elle, ni même lui parler, ils n'en étaient tout simplement pas dignes...

Mais il y avait heureusement quelques dragons qu'Altherys respectait énormément, comme Naïri, et Nyekundu, ou bien la famille royale, qu'elle vénérait presque au même titre que Gaïa et Ouranos les Fondateurs de la terre et du ciel.

Mais elle se sentait quand même plus proche des deux autres gardes que de la famille royale. Après tout, comment espérer avoir des relations amicales avec des Dieux ?
Oui, à ses yeux, la garde royale formait son cercle privilégié.

Et là encore, Altherys avait une petite préférence pour Naïri plutôt que pour Nyekundu, bien qu'il soit tout aussi digne de son respect. En fait, la garde royale était souvent moquée des autres pour sa petite taille. Cela faisait grogner le Dragon noir de la calamité, qui ne concevait pas qu'on puisse manquer de respect à un membre de son rang. Après tout, Naïri leur était supérieure, ils se devaient de baisser les yeux devant elle, et fixer leurs pattes.

C'était tellement triste de voir que Naïri ne recevait pas tout le respect auquel elle avait droit. Mais malgré sa petite taille, la dragonne savait parfaitement se défendre avec les mots, et se faire imposer. Et pour cela, elle méritait amplement le respect de son aînée, qui elle se faisait respecter par les rumeurs qui circulaient à son sujet, et par sa force pure et brutale, comme on en voit rarement ailleurs.

Altherys, elle, n'oserait jamais se moquer de Naïri à cause de sa taille. Après tout, c'était bien elle qui était incapable de chasser...

Un bruit dans le couloir la tira de ses songes. Elle fixa alors l'origine de ce son léger, ses yeux ardents étincelant, prête à chasser le visiteur.

- Qui va là ? grogna la garde.

▬ Très bien, dans ce cas je prend l'aile ouest. Merci Nyekundu.

Perchée sur une haute statue, je prend mon envol, et entend le pas lourd de Nyekundu s'éloigner derrière moi. Là où la plupart des Dragons marchent dans le palais, j'ai l'occasion de voler. Rien que le déploiement de leurs ailes irait cogner la structure et briserait tout élément de décoration. Ma petite taille me permet de me déplacer rapidement dans les couloirs du château. Je plane doucement à quelques mètres du sol, les ailes grandes ouvertes et le regard allant des grand tableaux aux placards remplis d'objets rares et précieux. Généralement, faire un tour de garde est plutôt tranquille. Les intrus sont peu fréquents, le château étant bien gardé. Aujourd'hui, je me charge de l'aile ouest. Venant de croiser mon collègue Nyekundu, il m'a fait savoir qu'il tournait déjà dans la partie sud du palais, et qu'Altherys avait commencé plus tôt au nord. J'ai donc probablement une chance de la croiser sur mon chemin.

Le silence envahit les murs du palais, seul le battement de mes ailes vient légèrement rompre cette tranquillité. D'ordinaire, je suis extrêmement discrète, me déplaçant avec furtivité. Mais cette fois, je me contente d'avancer doucement, sachant pertinemment que cette journée sera calme. Les temps ne sont pas durs en ce moment, et je dois avouer qu'un peu d'action ne me ferait pas de mal. Pas que je veuille courir un danger pour la famille royale, mais je commence à m'ennuyer ferme au milieu de cet enchevêtrement de pierre.

Me laissant planer de couloirs en couloirs, je finis par arriver dans la partie la plus spacieuse du palais, là où la famille Royale passe le plus clair de son temps. Prenant un peu de vitesse, je me dirige vers le grand salon, afin de vérifier si aucun sujet ne s'est introduit dans le coin. S'il le faut, je renverrais même un guerrier. Qu'il essaye de forcer le passage et il verra. Ce n'est pas parce que je suis petite que je suis inoffensive. En tournant au bout du couloir, un grondement me surprend.

▬ Qui va là ?

Je plisse les yeux en reconnaissant la dure voix d'Altherys. La grande dragonne se tient fièrement devant le salon, droite et imperturbable. Je vois dans son regard que, si je n'étais pas moi même de la Garde Royale, elle m'enverrait rapidement voir ailleurs, avec moins de politesse. Il faut avouer qu'Altherys n'est pas un ange avec tout le monde. Avec peu de dragons même, en fait. Parfois je me dis que j'ai de la chance d'être de son côté, sans quoi je me ferais écraser. Je n'ai peur que de peu de dragons, mais c'est certain qu'elle me rendrait trouillarde si elle en avait après moi. A la place, je suis heureuse que nous soyons proches. Étrangement, je dois être l'une des seule à avoir la chance de la connaître ainsi. Protectrice, respectueuse, et même un peu chaleureuse. Personne ne me croirait si je disais qu'elle a un véritable bon fond. Même Mambo se demande comment je fais pour passer mes journées près d'elle. S'il savait comme la vie est bien plus amusante avec cette grande dragonne. Nous travaillons dans une parfaite équipe avec Nyekundu. Je suis heureuse de ma situation, et des amis que j'ai pu me faire ici. Ces deux compagnons sont les meilleurs que j'aurais pu trouver.

J'agite les ailes pour rejoindre mon amie, volant à sa hauteur pour qu'elle puisse me voir. Je dresse mes grandes oreilles pour signifier ma joie de la trouver. Errer seule dans ses longs couloirs devenait ennuyant, peut être qu'un peu de compagnie me ferai le plus grand bien.

▬ Ce n'est que moi Altherys, il n'y a personne d'autre ici.

Je finis par me poser au sol, sur le carrelage froid. Près des immenses pattes de ma compère, je me positionne pour avoir une vue large sur les longs couloirs. Derrière nous, la reine doit probablement vaquer à ses occupations, seule ou en bonne compagnie. En tant que Garde Royale, il est également de notre devoir de respecter l'intimité de la puissante famille, et de garder secret leurs agissements quels qu'ils soient. Et personne n'est autorisé à la déranger, si bien qu'une surveillance constante est nécessaire.

Levant la tête vers Altherys, j’aperçois surtout son corps musculeux, ses écailles sombres et ses cornes volumineuses. Comparée à moi, elle est monstrueuse. Dans le sens impressionnant du terme. Je n'ai pas autant de muscles, de griffes tranchantes, de crocs acérés ou une masse comme la sienne. Je ne vois alors pas son regard et son expression. Il faudrait que je m'envole de nouveau ou qu'elle se penche vers moi pour que nous puissions nous voir convenablement. Mais nous avons l'habitude de communiquer sans forcément se regarder dans le blanc des yeux. C'est important dans un combat, de savoir ce que l'autre attend de nous pour travailler en équipe. A la Garde Royale, nous sommes tous si soudés qu'il suffit d'un geste pour former une défense parfaite.

▬ Je suppose que personne n'a pointé le bout de son nez depuis que tu es là ?

Et quand bien même ça avait été le cas, Altherys lui aurait fait savoir qu'il n'avait rien à faire ici. Certains la disent violente et froide, mais je trouve qu'elle fait un travail exemplaire, défendant la famille royale avec ferveur.

We are warriors

De légers battements d'ailes familiers indiquèrent seulement que tout allait bien à Altherys. Rassurée, elle prit une expression moins agressive. Peu de temps après, une minuscule créature, les oreilles dressées, venait virevolter autour d'Altherys. Si celle-ci ne manifestait pas de joie physique, elle était contente que ce ne soit que Naïri.

- Ce n'est que moi Altherys, il n'y a personne d'autre ici déclara la dragonne d'une voix presque enjouée.

Altherys lui adressa un signe respectueux et reconnaissant de la tête, et Naïri se posa près des pattes du Dragon noir de la calamité, qui devaient lu sembler énormes. Après tout, la garde royale n'était pas connue pour sa taille très impressionnante. Mais jamais sa compagne n'aurait osé la juger à propos de ça. Elle avait bien trop de respect pour Naïri.

- Tu as de la chance, fit la dragonne aux écailles sombres. J'aurais pu être beaucoup moins chaleureuse si je ne t'avais pas sentie arriver.

En effet, pour chasser d'éventuels intrus, la douceur n'était pas de mise... Altherys ne put pas voir la réaction de la petite dragonne entre ses pattes, mais elle n'en avait pas besoin pour la comprendre. Après tout, les trois gardes royales entretenaient une relation presque fusionnelle, essentielle pour que la famille régente soit entre de bonnes griffes.

La famille royale était vénérée, presque, par les gardes royales. Du moins, par Altherys. Les autres devaient au moins lui vouer un respect et une loyauté infinis. Et ils n'auraient jamais laissé s'approcher n'importe qui d'eux alors qu'ils vaquaient tranquillement à leurs occupations. Ainsi, Naïri pardonnerait sûrement sa comparse pour son ton agressif un peu plus tôt. car elle comprenait qu'il fallait prendre toutes les précautions nécessaires pour assurer la protection de ceux qui régnaient sur Sethemba.

- Je suppose que personne n'a pointé le bout de son nez depuis que tu es là ?

Altherys recula un peu pour qu'en levant la tête, Naïri puisse la voir et secoua la tête pour affirmer que personne n'avait osé se montrer pour déranger la reine. Après tout, qui aurait risqué de se présenter devant l'imposant dragon qui se dressait devant les portes du salon royal ? Celui-là aurait bien été fou, d'autant qu'Altherys n'était pas réputée pour être particulièrement douce...

Un sourire amusé traversa le visage de la dragonne, lorsqu'elle se pencha pour croiser le regard de sa compagne.

- Non, et il aurait été bien fou, celui qui aurait osé se montrer. Ils doivent bien tous savoir que je ne suis pas réputée pour être très tendre, tu ne crois pas ?

Oui, il n'y avait bien qu'avec Naïri qu'Altherys parlait avec autant d'aisance, et qu'elle quittait enfin ses traits hautains et méprisants. Après tout, la petite dragonne était aussi une garde royale, et elle avait su se démarquer des autres ainsi. Alors, elle était digne du respect, non, de la confiance, de l'amitié, même, du Dragon noir de la calamité.

Après tout, elle aussi était un modèle pour les guerriers, elle qui vouait sa vie pour la famille royale, elle qui s'était battue pour ses idéaux malgré le handicap social qu'avait été sa taille.

Mais après tout, elle avait su leur montrer, à tous, qu'être minuscule n'était en rien un obstacle à ses rêves. Et pour cela, elle méritait toute l'admiration d'Altherys

Je croise alors le regard de mon amie. Elle affiche un sourire amusé, et je dresse les oreilles, intriguée par sa réaction. Au fond, Altherys est au courant de sa réputation. Je crois même qu'elle en est fière. Depuis que je suis dans la Garde Royale, j'ai beaucoup appris d'elle. La peur est le meilleur moyen de tenir les sujets dans le respect. U.C

▬ Non, et il aurait été bien fou, celui qui aurait osé se montrer. Ils doivent bien tous savoir que je ne suis pas réputée pour être très tendre, tu ne crois pas ?

BLABLABLA

▬ J'admets que ta réputation est faite, tu n'as plus à craindre personne ma chère !

BLABLABLA

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BLABLABLA